Posséder un savoir depuis longtemps conduit à penser que ce que l’on sait est une vérité absolue surtout si jamais aucune une critique n’est venue perturber ce savoir. Ainsi on pense qu’on a raison, qu’on dit vrai. On ne se base pas pour autant sur des preuves ou des faits qui viennent étayer ce savoir. On pourrait donc avoir tort tout en pensant avoir raison.

Penser qu’on a raison n’est pas possible sans avoir des raisons à la base. On pourra savoir qu’on a raison, qu’on dit vrai parce que nous pensons avoir les preuves qui prouvent ce que nous avançons. Ces preuves peuvent êtres des preuves matérielles, c’est-à-dire des éléments matériels, des choses donc concrètes.

Par exemple, je connais depuis des dizaines d’années, une jolie petite plante grasse de montagne, la ‘’joubarbe’’. Une personne me l’a faite connaître lors d’une sortie en montagne. Mais ce que j’ai appris il n’y a pas si longtemps, c’est que cette personne ne connaissait pas très bien ce qu’elle m’enseignait puisque le nom qu’elle employait était faux, elle prononçait ‘’Joubarde’’. Sans vérifications aucune, j’ai ainsi colporté pendant presque cinquante ans, un faux nom. Je n’avais jamais eu de réaction à cela sauf dernièrement où j’ai été repris. La personne prononçait joubarbe. Oh crime de lèse-majesté, on voulait m’apprendre quelque chose que je connaissais depuis des lustres. Je restai donc sur ma position. Ma curiosité m’a tout de même poussé à vérifier ce nom et là, patatras ! je tombai de mon piédestal. J’avais tort. L’académie m’enseignait le véritable nom de cette plante. Jamais auparavant il ne me serait venu à l’idée de vérifier la véracité de ce qu’on m’avait appris et là aussi j’ai eu tort. J’ai pensé avoir en la personne des preuves solides et sérieuses, mais j’ai eu tort d’avoir pensé qu’il détenait la vérité.

Les preuves ne sont pas toujours matérielles, il pourra s’agir des preuves intellectuelles (raisonnement, démonstration…). Ainsi, il est possible de montrer qu’on a raison en développant des démonstrations ou des raisonnements logiques sur des vérités théoriques. On ne va pas ici aborder les vérités mathématiques ou physico-chimiques. On n’abordera encore moins les vérités dites métaphysiques ou religieuses.

Dans mon cas, j’ai eu tort parce que je n’ai pas bien jugé ni vérifié ce qu’on m’enseignait. J’ai accordé plus de crédit à la croyance de la vérité de la personne plutôt qu’à la certitude de sa preuve. C’est le fait de trop appuyer sur la croyance qui pousse à l’erreur.

Croire qu’on a raison, ce n’est pas savoir qu’on a raison. La croyance repose généralement sur des idées (propositions) sans preuves et donc peu sûres. La vérité du cœur ne peut pas être universelle, seule la vérité de la raison, comme le soutient Malebranche, est universelle.

L’orgueil ou l’intérêt qui nous conduit aussi à nous cramponner à des idées que nous savons être fausses. La poursuite de nos intérêts nous pousse souvent à nous aveugler sur la vérité et de par mauvaise foi présenter le faux pour vrai pour assurer un avantage quelconque ou pour ne pas reconnaître par orgueil son tort. Lorsque Sartre a été mis devant la preuve irréfutable de sa grave erreur d’avoir adhérer au parti communiste (responsable de centaines de millions de morts), il a répliqué : ‘’ A l’époque, j’avais raison d’avoir tort.’’  Le tort peut ainsi être envisagé en toute connaissance de cause.

Faire confiance absolument et aveuglement à nos croyances et à nos propres opinions peut être une attitude très désastreuse : source de violence, de fanatisme, d’extrémisme (surtout religieux). Nous devons donc être très prudents et très critiques vis-à-vis de nos croyances ou de nos supposées vérités afin de les certifier.

Une réplique de Belmondo dans ‘’l’as des as’’ lui fait dire : ‘’ ce n’est pas parce que 40 millions de personnes font une connerie que ce n’est plus une connerie’’. L’hitlérisme en a été le résultat.et la démonstration.

DS