Le Printemps à Corbonod

J’ai quelques rares fois essayé de taquiner la muse mais invariablement l’inspiration me faisant défaut je glissais dans le grotesque en terminant mes pseudo-vers par des ‘’poils aux dos, poils aux mains, poils aux yeux, etc.’’. Consternant n’est-ce pas ? Mais quand on n’est pas bon, on n’est pas bon.

Et puis j’ai longuement étudié la syntaxe, la sémantique, je me suis inspiré de Ronsard, Boileau, La Boétie et voici le résultat obtenu. C’est un petit poème printanier que je dédie à un petit bled méconnu qui s’appelle Corbonod.

 

Le printemps à Corbonod

Dans les prés de Corbonod, le printemps s’invite,

Les primevères d’or illuminent la suite.

Le muguet délicat, de son blanc éclatant,

Embaume les sentiers d’un parfum apaisant.

Les pissenlits dorés, tapis de l’horizon,

Sous un ciel bleu limpide, dansent à l’unisson.

Et le doux renouveau, au cœur de ce village,

Chante en mille couleurs l’éveil de son paysage.

Il y a bien un petit quelque chose qui cloche un peu, mais dans l’ensemble c’est pas mal non ? Peut-être arriverai-je enfin à séduire avec mon écriture.

Je suis devenu un poète. Moi qui ne me trouvais aucune qualité et pourtant rêvais d’entrer dans la Pléiade comme Jacottet. Y suis-je aux portes ?

Eh bien non, mensonge, mensonge. Je n’ai rien écrit du tout. Je suis un tricheur. C’est l’IA (intelligence artificielle) qui a pondu le texte. Je n’ai fait que lui suggérer quelques critères, (en fait un travail journalistique) et après deux essais j’ai accepté cette proposition de texte. J’aurais pu lui donner davantage de critères pour étoffer encore la poésie et en gardant le silence, devenir un imposteur. Ne vous y trompez pas les imposteurs ne manquent pas aujourd’hui. Des livres entiers sont écrits par le truchement de l’IA.

Nous sommes tous devenus intelligents du moins on finit par le croire. L’IA ne s’arrête pas là, des peintures naissent le l’IA, des BD, des films, des projets complexes et bien d’autres choses.

Nous n’en sommes qu’au tout début mais bientôt à utiliser ChatGPT, tout nous portera à croire que nous aurons progressé mais il n’en sera rien, au contraire, on aura appauvri notre réflexion, notre créativité. On se laissera aller, on se pâmera devant nos fausses œuvres.

Bien sûr tout n’est pas négatif loin de là. Le travail répétitif est allégé. Le drame se jouera dans l’art. Les adeptes de l’égalitarisme seront comblés. Les valeurs intellectuelles spécifiques aux individus se seront amoindries. Tous du même moule. 100% des élèves auront leur bac avec mention ‘’plus que très bien.’’

Les cons devenir des génies, ne sera plus une utopie.

Tiens, je fais des vers sans l’IA. Curieux…non ?