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La courte vue des pays occidentaux conduit à concevoir comme un tout harmonieux la conversion des peuples en démocratie. Leur rêve forme un vaste ensemble où chacun puise ce qui lui convient pourvu que cela réponde à une constitution qui émane de leur culture séculaire. (Judéo-chrétienne pour beaucoup d’entre eux). La démocratie a été imposée à L’Afghanistan sans se préoccuper des frontières artificielles répondant à des préoccupations stratégiques des penseurs britanniques, qui avaient insisté sur le contrôle des cols et des vallées d’accès, en incluant dans leur aire d’influence, les tribus les plus turbulentes. Pas moins de huit tribus ont été regroupées sous un seul drapeau. (Pachtouns, les Tadjiks, etc.).
Carrefour stratégique, l’Afghanistan a été la visée des Etats Unis qui ont réussi à créer à grands coups de milliards, un état ‘’Potemkine’’ (en carton) dans lequel ils ont décidé d’institutionnaliser la démocratie.
La question d’alors, aurait dû être de savoir si la démocratie allait rester viable au départ des troupes d’occupation et si elle allait pouvoir se tenir dans l’ordre et la moralité sans se résoudre à accepter une société livrée à des fureurs frénétiques ou courbée sous un joug peut-être encore plus lourd que par le passé.
Après 20 ans d’occupation, le retrait subit des troupes américaines crée une situation catastrophique. Une génération entière de femmes et d’hommes a eu le temps d’apprendre la liberté, de vivre à l’occidentale c’est-à-dire à disposer pour les femmes de leur corps, de se cultiver, de braver tous les interdits passés. Les américains tirent de leur hégémonie un bellicisme évident. Ils s’installent volontiers dans la guerre mais la fuient jusqu’à accepter l’humiliation, quand elle ne tourne pas à leur avantage. Aujourd’hui leur crime impardonnable est d’abandonner aux Talibans des populations afghanes converties après vingt ans d’occupation, à leur idéologie.
Certes, pour une partie de la population aussi bien féminine que masculine, la reprise de la charia n’est peut-être pas une punition face à un occident qu’elle hait. Ce dernier laisse suffisamment voir les incohérences et perversité du système (mœurs dissolus, économie mondialisée sans partage), pour supporter l’intégrisme des talibans. On n’insistera pas sur les thèses de Tocqueville (Difficultés des démocraties à concilier la liberté des individus et le principe d’égalité entre les individus. Préférence de l’égalité à la liberté, l’individu se soumet au conformisme, à la tyrannie de la majorité et au despotisme démocratique). Quelques soient les critiques que l’on peut émettre sur les démocraties on ne peut nier que l’apprentissage de la liberté procure un bien-être à nul autre comparable mais ce que les pays occidentaux veulent ignorer c’est que les nations ont le droit de choisir le système politique qu’elles souhaitent. Les démocraties veulent supprimer la guerre quand elles risquent de les opposer les unes aux autres mais elles la trouvent déjà moins atroce quand elle peut servir contre les dictatures. Tel est le sens du pacifisme des pays démocrates trop souvent destructeurs de la stabilité des nations orientales.
Pour finir, malgré des idéologies opposées les États-Unis « travailleront » avec les talibans s’ils « tiennent leurs engagements », a affirmé, le secrétaire d’État Antony Blinken. Pour les Occidentaux, l’enjeu est de ne pas jeter le nouvel Afghanistan dans les bras des Russes et des Chinois.
Nous occidentaux, compliquerons toujours l’Orient.
DS
Comments by Dominique Sidrac