Environ 70 milliards d’animaux sont élevés chaque année et consommés afin de satisfaire les besoins en protéines de l’humanité. Cette constellation d’animaux n’est plus depuis longtemps produite de façon artisanale. Densité, promiscuité, standardisation : sont les conséquences des élevages intensifs, d’où la récurrence de maladie telles que, peste porcine, grippe aviaire, fièvre catarrhale ovine ou tuberculose bovine, diarrhée épidémique. Ces exemples ne constituent en rien des exceptions. On compte aujourd’hui presque trois fois plus d’épidémies dans l’élevage animal qu’il y a quinze ans, selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Certaines maladies anciennes émergent à nouveau sous une forme radicalement nouvelle et des maladies inconnues jusqu’alors se diffusent d’une façon fulgurante (fièvre Q des chèvres, langue bleue des moutons). La perte de ce bétail n’est pas un seul dommage économique, ce qui est encore plus dramatique c’est que ces maladies se transmettent à l’homme (zoonose). On a tendance à oublier que nous sommes et resterons toujours des primates donc des animaux.
La lutte contre ces pandémies se fait à grands coups d’antibiotiques la plupart du temps. Dans le monde, 70 % des antibiotiques utilisés sont consommés par les animaux d’élevage, mais leur utilisation n’est pas sans conséquences. En effet, les animaux développent des bactéries résistantes aux antibiotiques, et transmettent à l’homme des maladies… incurables. (Peut-être la Covid 19 ?). A force les antibiotiques sont inefficaces et l’homme consommant la viande sans cesse traitée devient lui aussi insensible à ces médicaments. Le développement de l’antibiorésistance pourrait nous ramener aux temps qui ont précédé la découverte des antibiotiques, avant les années 1930. L’humain vivait alors dans un monde très différent d’aujourd’hui, où l’on mourait fréquemment de pneumonie ou du choléra.
Pour palier à tout cela, on développe la biosécurité qui consiste en un ensemble de mesures prises pour minimiser le risque d’introduction de virus dans les unités de production agricole. Pour cela, les animaux sont élevés dans des bâtiments fermés ou derrière des cloisons afin de les couper de tout contact avec des animaux sauvages. Ils doivent être nourris avec des aliments achetés dans le commerce et aux qualités sanitaires garanties plutôt que par les produits de la ferme. Ainsi on s’éloigne toujours plus de l’agriculture traditionnelle et ce nouveau système conduit à forcer les ruminants à consommer des produits d’origine animale (maladie de Creutzfeldt-Jakob).
Pensée pour limiter les épidémies, la biosécurité semble davantage être une vitrine rassurante que veut se donner l’industrie de l’élevage. Cependant pour être en phase avec cette biosécurité, il faut des moyens financiers conséquents d’où l’abandon par les petites structures agricoles de la profession d’agriculteur.
Partout dans l’économie libérale, il y a nécessité de rentabilité afin d’atteindre les plus grands profits. Les conséquences souvent dramatiques sont découvertes au fur et à mesure que les pratiques nouvelles montrent leur perversité. Ici n’est pas évoqué la condition animale qui a elle seule ferait chuter grandement les rendements si elle était prise en considération. Mais pourquoi s’y attarderait-on quand la condition humaine n’est pas plus un sujet de préoccupation ?
Non les pandémies ne tombent pas du ciel.
DS
Comments by Dominique Sidrac