Dans cet article, je ne ferai pas allusion aux divorces forcés dus aux violences conjugales ou autres causes graves, mais à ceux, (les plus nombreux puisqu’ils représentent selon les statistiques 3/5 de leur totalité) venus des sentiments de lassitude et banalisés depuis la période soixante-huitarde.

Mariages, divorces, pacs, familles composées, recomposées, décomposées, marmelade de sentiments, enfants déboussolés traînés derrière soi, puis recasés chez l’ex ou pépé-mémé, etc. Les parents boivent, les enfants trinquent. C’est du kif en amour. Quand on ne pense qu’à son cul, les gosses deviennent chiants. (Ah !  Il s’est lâché le père Sidrac..). L’amour n’est pas un sentiment, c’est une émotion. C’est un grand coup d’hormone qui fait en nous un petit tour et qui une fois dissoute par les organes reproducteurs, si on n’a pas de projets communs, nous fait passer à quelqu’un d’autre. Tous pervers ? non pas du tout. On est ce que le monde nous a fait, des êtres vivants tous voués à la pérennité de l’espèce. ‘’Hormonalement’’ parlant nous sommes des animaux. Seulement les sociétés nous enferment dans des carcans d’obligations et nous poussent à l’égoïsme aigu. Rousseauïsme, voltairisme ?

Et si le polyamour était une solution pour que les enfants ne paient plus les pots cassés ?

Polyamour, quel drôle de nom. Est-ce une sémantique qui permet d’éviter le mot ‘’polygamie’’, comme elle l’est pour les chasseurs qui aujourd’hui utilisent le verbe ‘’prélever’’ pour adoucir celui de ‘’tuer’’. Cet aparté fait, revenons au polyamour.

Ici, un amour ne chasse plus l’autre : il s’y ajoute. Les phalanstères de Fourier prennent tout leur sens pour former le socle d’un nouvel État où l’on peut concilier l’amour qui s’adresse à un être unique avec le désir changeant et fantasque d’une libido.

Avec plusieurs partenaires, les polyamoureux tentent d’approcher l’idéal de l’aliénation conjugale. Leur cadre de base, c’est l’honnêteté et le consentement. Rien n’est caché et tout doit être bien vécu et par tous. Pour défendre cette thèse on peut s’en remettre à Fourier qui reconnaît que le mariage est source de monotonie. Comme remède à la jalousie il défend aussi bien la polygamie que la polyandrie. C’est le manquement à la parole donnée qui fait infidélité.

Ce qui est visé dans le polyamour, c’est le dépassement de la jalousie. On doit être heureux du bonheur de l’autre, même si l’on n’en est pas responsable.

Mais attention, la jalousie est inscrite dans nos gènes et a rendu bien des services à l’humanité dans la mesure où très souvent elle a créé l’émulation et conduit à des progrès. Alors pour l’éradiquer l’individu a besoin d’un énorme travail sur soi d’autant qu’elle fait partie intégrante de l’amour.

De là, on peut imaginer tous les problèmes qui viennent se grever au polyamour, (quête jamais assouvie du partenaire idéal, retour à la monogamie de l’un ou de l’autre, et bien d’autres inconvénient que relatera probablement la psychanalyse).

Mais revenons aux enfants. Seule l’expérience empirique dira si ces derniers pourront trouver un soulagement dans leur vie. Accepteront-ils d’avoir des ‘’tontons’’ ou ‘’tatas’’ n’appartenant plus à leur généalogie et avec lesquels papa ou maman iront égayer leurs soirées ? certes on ne leur demande pas aujourd’hui s’ils consentent à avoir deux papas ou deux mamans. Mais il est logique de penser que n’étant plus trimbaler à droite ou à gauche, ils regagneront en stabilité aussi bien physique qu’intellectuelle. On a beau le nier mais les familles monoparentales ou recomposées, par manque de l’un ou de l’autre des géniteurs, ne constituent pas un refuge pour les enfants et génèrent chez ces derniers un sentiment d’isolement. Ces familles généralement sont peu structurantes et marginalisent la plupart du temps les enfants.

On assiste aujourd’hui à passablement de bouleversements sociétaux alors pourquoi pas le polyamour ?

Bien sûr, le sujet n’est ici qu’ébauché mais à mon tour je ne voudrais pas susciter la lassitude. Cependant il y a déjà matière à débattre.

DS