Chaque action humaine peut être reliée à une question philosophique. L’humour est comme le rire, ‘’le propre de l’homme’’,
                         « Mieulx est de ris, que de larmes escripre,
                          Pour ce que rire est le propre de l’homme. »
                                                                          (Rabelais, Gargantua)
C’est ce qu’affirme le grand homme. Passons sur cette assertion, ce qu’on peut dire c’est que l’humour est une jonglerie de l’esprit qui s’inscrit dans une philosophie alors que le rire n’a dans la plupart des cas, guère de consistance philosophique. Quand un type passe soudainement de la position verticale à la position horizontale c’est que tout simplement il s’est cassé la gueule et qu’on le veuille ou non le premier réflexe c’est de se marrer. On en mesure seulement après les conséquences.
L’humour n’est pas du tout cela, il est de part en part philosophique, il tonifie et anime même chez les grands philosophes plus d’un de leurs textes. Je n’aborderai pas ici l’ironie qui invite plus ou moins rudement l’interlocuteur à se prendre lui-même pour objet de réflexion. Et c’est par là qu’elle fait la transition vers l’humour.
L’humour est philosophique par excellence, en ce qu’il nous implique en personne, au lieu de prendre à l’extérieur ses objets. En cela, il constitue un test philosophique, car le sérieux philosophique veut qu’on ne se prenne pas au sérieux.

L’humour aiguise l’intelligence en modifiant le fonctionnement cérébral. Réjouis par un bon mot, « nous résolvons plus facilement nos problèmes, car l’hémisphère gauche du cerveau (raison, logique) est plus actif », explique le psychiatre Frédéric Rosenfeld. Il est un moyen de communiquer, de désamorcer les conflits. Dehors, la réalité est restée la même, mais nous, pour un petit moment, nous sommes plus tolérants, plus aimants, moins égoïstes.
Il s’apprend à tout âge et si l’amour est aveugle et rend volontiers stupide, l’humour aiguise l’intelligence en modifiant le fonctionnement cérébral. Il dope l’amour de soi ; une plaisanterie qui fait mouche est une véritable création. Mieux ! c’est un moment de gloire. Grâce à ces chefs-d’œuvre miniatures que sont le mot d’esprit et la bonne blague, notre ego se gonfle de fierté, d’autant plus qu’ils ont vaincu la censure, transgressé les lois de la logique. Ce sentiment est encore plus intense quand nous réussissons à plaisanter d’une situation angoissante ou déprimante. Non seulement un sentiment de bien-être nous envahit, mais nous nous sentons soudain plus intelligents.
Il faut voir aussi dans l’humour un anti-dépresseur dans la mesure où toutes les catastrophes ou presque entraînent rapidement un déferlement de bonnes histoires qui ne sont des exutoires de la peine qui nous a envahie.
L’humour libère nos pulsions, selon la thèse développée par Freud dans Le ‘’Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient’’ (1905), l’humour, exactement comme les rêves, libère impunément nos pulsions les plus inavouables, sans que notre gendarme intérieur, le surmoi, s’en offusque.
Nous rendant plus souples psychiquement, l’humour facilite la communication c’est pour cela que selon Moussa Nabati, en Orient les sages transmettent souvent leur enseignement en racontant une histoire drôle.
Oui mais voilà !
De nos jours une bien-pensance tricottée au fil des années par des idéologies de gauche, pratique un nivellement des valeurs devant aboutir à un égalitarisme moraliste, on n’ose plus trop pratiquer l’humour avec les personnes dites ‘’différentes’’ et il devient risqué d’aborder avec humour le sujet du nanisme avec les nains, du sémitisme avec les juifs, de la couleur de peau avec les noirs etc.
Dommage car dans la majorité des cas il s’agit plus d’une ouverture d’esprit que d’un rejet de la différence.
Alors pour conclure et avant qu’on me foute en taule pour non conformisme, une petite dernière avec le paralytique qui rentre avec son fauteuil roulant dans la piscine miraculeuse de Lourdes et qui en ressort avec des pneus neufs.

DS